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Cigarettes will kill you

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Zarguizmo's avatar
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Souvent, on est un peu perdus, on se pose des questions un peu bêtes du genre « pourquoi le soleil est-il jaune? » ou bien, « un schtroumpf, ça fait caca de quelle couleur? ».

Et parfois, on se perd dans un nuage de coton, de la musique plein les oreilles, on se sent décoller du sol et plus rien ne semble capable de nous retenir. On sourit un peu bêtement parce qu'on est heureux, tout simplement.

Et quelque fois, on prends les mauvaises décisions.

Mais il y a des moments précieux que rien ne saurait enlever. Faire la bringue avec ses potes jusqu'au bout de la nuit, voler des panneaux de signalisation, se moquer des passants, rire des
blagues les plus stupides et faire des batailles d'eau.

Il arrive aussi que parfois, une fois seul, on veuille décoller, se faire pousser des ailes, être le héros d'un rêve éveillé, marcher dans la brume sans avoir ni but précis, ni désir secret.

                                             Alors on fume.

Le vice est pauvre et nous pompe nos ressources, mais il a au moins le mérite d'être légal et il nous fait mourir moins vite que les autres. Certains lui préfèreront le sexe et je ne peux que leur donner raison. Mais rien ne vaut la douceur enivrante de la nicotine qui atteint le cerveau.

                                        La dépendance est un détail.

La plus dure des drogues douces -après l'Amour- que l'on savoure toujours mieux après l'amour, le bâton de feu, le suicide lent et délicieux, le calme au milieu de la tempête...

Commencer à fumer n'est pas une mince affaire. Il faut apprendre à inspirer la fumée jusqu'au bout, sentir ses poumons s'encrasser et prendre la teinte d'un corbeau défraichi. Et puis souffler dans le sens du vent. Le mal sort et le bien reste, s'insinuant alors dans nos cellules, dans les neurones, altérant notre perception du monde jusqu'à ce que tout ne devienne plus qu'un décor en carton-pâte, une illusion variable et déséquilibrée.

On ne marche plus très droit, on ne voit plus très bien, on croit être devenu plus rapide, plus fort, mais au fond, on sait bien que l'on est qu'une loque. La loque absolue. Celle que le no-life non-fumeur ne sera jamais.

Le fumeur est un bout de soie déchirée et traînée dans la poussière, un fruit trop mur, mou et sucré, dont personne ne voudra quand viendra le temps de la récolte, mais qui abritera cependant des générations de parasites.

                                            On n'est jamais forcé à fumer.

On fume par choix et quoi qu'on en dise, on aime ça et on continue jusqu'à ce qu'un jour, on ne soit plus capable de faire le moindre effort physique. Mais on continue à aimer quand même cette sensation. LE moment où notre cerveau est atteint et sombre dans une masse de coton de la noirceur la plus absolue, cette extase qu'on ne voudrait jamais voir s'arrêter, le tourbillon de pensées qui s'emmêlent jusqu'à n'être plus qu'un maelström de voix, d'images et d'odeur, altérées par la saveur sèche de la brulure du tabac au fond de la gorge.

On m'a dit un jour qu'on s'y habituait. Je refuse d'y croire. Je veux que la fascination ne cesse jamais. Je ne veux pas sombrer dans une morne dépendance, une ridicule habitude, un pitoyable rituel... Je veux ressentir à chaque fois dans les tréfonds de mon âme, dans chaque parcelle de ma peau, l'instant où toute barrière cède, cet abandon total au bien être de l'instant présent...

Oui, je fume. Mais je fume parce que je le veux.
Et c'est bon. Tant pis pour les minutes d'espérance de vie que je perds. Je les regagnerai en riant et en faisant l'amour.

                           Au final, tout n'est qu'équation.
Une apologie de la cigarette, par moi. Cela peut vous changer de la soupe servie par les chanteurs populaires français et j'en profite au passage pour vous signaler les deux morceaux qui ont accompagné l'élaboration de ce texte.

Cigarettes will kill you par Ben Lee

I was born a cancer par Jack The Ripper.

Vos commentaires sont bien entendus voulus et aimés :)
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S0renza's avatar
Vraiment un beau texte, une belle apologie en quelque sortes, où je me suis pas mal retrouvée. Surtout le fait que je ne veux pas que ce soit une banale habitude mais un "plaisir" à chaque fois. Il faut savoir l'apprécier/la savourer, comme un bon whiskey. Tu prends ton temps, t'en profites. D'ailleurs lire ton texte m'en a faite allumé une aha! Le seul point où je ne suis pas d'accord c'est que quelque part si, on s'habitue, du moins notre corps. Même si j'apprécie mes cigarettes j'en suis dépendante et je ne peux pas m'en passer plus de quelques heures.

Autre apologie du tabac: Dom Juan Acte I Scene I.
Et j'ai également parlé de la cigarette dans un de mes textes (catégorie Reading). :)